Les femmes et l’entreprenariat, c’est une grande histoire d’amour et de mode.
Sites, coach, réseaux spécialisés… La femme qui entreprend est une niche à exploiter.
Limite un marronnier pour presse spécialisée.
Tout comme le jeune d’ailleurs, cela dit en passant.
Il faut dire qu’il y a un sacré mythe autour de l’entreprenariat comme « outil » de réalisation professionnel et personnel. Comme si faire son job out pour créer sa propre entreprise était finalement la solution idéale pour se réaliser à la fois professionnellement en ne faisant « que ce que l’on aime » et personnellement en réalisant sa passion cachée.
Car, me dit-on dans l’oreillette, kiffer le pro équilibrerait le perso. Soit.
Et en même temps c’est clair, l’entreprise dite “traditionnelle”, de la PME au grand groupe ne fais plus rêver. Ce sont soit des paquebots oppressants et longs à faire bouger, soit de frêles embarcations à bord desquelles il faut savoir tout faire. Les deux étant souvent des broyeurs d’illusions.
Alors c’est sûr que si tu es une femme, un jeune, ou les deux à la fois, ce n’est pas que tu es mal barré(e), mais un peu quand même.
Alors du coup, beaucoup ont sauté le pas, et aujourd’hui rêvent de destin à la Blabla Car ou Letchi (pour la version féminine de la startup française à succès).
On rêve de licornes, de pitchs, d’incubateurs, d’espace de coworking, de slasheurs(ses), d’entrepreneur(e)s… On réinvente Revenons en aux femmes, car justement nous sommes nombreuses à entreprendre. Célébrités ou anonymes, surtout anonymes. Et c’est à l’approche de la trentaine, et souvent juste après le passage des cigognes que l’on en vient à tout remettre en question dans sa vie.
D’ailleurs, cette femme qui plaque tout pour entreprendre, les médias aiment bien la mettre en avant (surtout si elle présente bien).
Ah ?! On me dit encore dans l’oreille que cela serait surtout pour se donner bonne conscience (quoi les égalités hommes/femmes en 2018 ne sont pas résolues ?)
Mais franchement créer sa boîte, se lever tous les jours devant une feuille blanche ou presque ça n’a rien de glamour ou de sexy.
Et si on pense que ça va à coup sûr faire taire nos petits moulins de désinformation internes, on se trompe, la moulinette fonctionnera à pleine puissance.
Non pas qu’entreprendre, créer sa propre richesse ne soient pas libérateur et source de satisfaction pro et perso mais, il ne faut pas occulter que cela reste aussi (si ce n’est plus) dur que de survivre en entreprise.
Chaque journée ou presque il faut se battre avec soi-même pour ne pas laisser tomber. Il faut être créative pour trouver des solutions à à peu près tout et n’importe quoi. Il faut être prête à se lever tôt ou se coucher tard, à absorber une quantité effroyable de stress sans contaminer son entourage. Il faut aussi être une grande actrice et avoir beaucoup de sang froid.
L’entrepreneure doit être un couteau suisse prêt à tout gérer.
C’est un peu comme dans l’émission Man vs Wild, sauf que tu n’affrontes pas des piranhas sanguinaires mais des clients exigeants.
Et puis quand tu as des enfants, penser que tu pourras tout concilier comme les garder à la maison s’ils sont petits, leur préparer chaque soir des repas frais et bio, avoir une maison digne d’un feed instagram déco, tout en faisant un gros chiffre d’affaires, de la communication pour ton produit et la comptabilité de ton entreprise ; et bien désolée, mais tu te trompes (à moins que tu ne dormes pas la nuit).
Il faut bosser deux fois plus avec ta propre boîte et deux fois plus encore si tu es une femme.
Car à moins d’être une licorne bien entourée, même avec toute l’organisation possible et un coach en rangement de bureau, tu es au pied d’une montagne à gravir, jolie et inspirante certes, mais d’une montagne quand même.
CQFD.
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