Sur mon omoplate gauche j’ai un tatouage, c’est un dessin issu d’un manga culte pour moi (tant pour l’histoire que l’esthétisme) qui s’appelle Angel Sanctuary. Le dessin en question est deux ailes de démon enchainées à un sceptre.
Dans l’histoire, ce dessin est un tatouage présent sur le corps d’un ange déchu (et qui n’est pas Lucifer).
Bon j’avoue à 19 ans ma première impulsion pour faire réaliser ce tatouage était plus pour donner à mon corps une esthétique gothique et ésotérique MAIS, et souvent nos impulsions premières traduisent nos pensées profondes, désormais la signification que je donne à ce choix de dessin et d’ancrage dans ma chair et que, en dépit des apparences, des discours, des bons sentiments que tout un chacun projette et met en avant dans sa vie, nous possédons tous en nous un part d’ange déchu, un part d’ombre et qui cohabite étroitement avec notre lumière intérieure..
Ou là, elle devient mystique la fille…
Bein oui, quoi, notre Mister Hyde à tous, on en parle ou pas ?
En fait, j’ai toujours était convaincue de la dualité perpétuelle de l’être humain. Résumer l’humanité en une vision manichéenne des choses me semble trop simpliste et limite dégradante face à la complexité inouïe de la machine humaine (corps, âme, esprit, pensées, cerveau) que nous sommes.
C’est vrai quoi, comment expliquer alors les serial killer, les guerres, et j’en passe. Je veux dire que oui nous sommes majoritairement bons et du côté du bien, mais chacun au fond de lui a déjà pu expérimenter des idées ou des actes de méchanceté pure, même si l’envie de passer à l’acte, elle, n’a jamais était là.
J’ai lu pas mal de livre de développement personnel, vu des articles, des vidéos, des tedx autour du coaching, de la confiance en soi, de l’amour de soi. Des lectures où je me dis toujours, ah ouais c’est cool, il/elle a raison : s’accepter, s’est s’aimer, soyons bienveillants envers nous-même, il faut se pardonner, et tout et tout…
Et puis récemment j’ai lu le livre en anglais de Jerry Hyde (encore un !), « Play from your fucking heart ». Il nous dit lui aussi qu’il faut être bienveillant avec nous-même, mais il nous dit aussi que pour y arriver il faut avoir conscience de notre part d’ombre, la connaître, l’explorer intérieurement, peut-être même parfois l’expérimenter, analyser des comportements auto-destructeurs que nous avons eu et puis l’accepter comme faisant effectivement partie intégrante de nous, de ce que nous sommes.
C’est inconfortable mais nécessaire.
Il conseille également comme méthode d’ancrage le tatouage, comme quoi sans le savoir, j’étais déjà sur le chemin de la réflexion.
Et pour boucler la boucle en revenant à nos anges, dans l’Ancien Testament, les textes indiquent que l’ange du mal Lucifer était au départ un ange de lumière Lucifel. Comme quoi même la lumière la plus pure recèle en elle une étincelle même infime, plus sombre.
En bref nous ne sommes ni uniquement blanc, noir, gentil, ou méchant. Nous sommes un ensemble de couleurs en perpétuel changement, variations, un camaieu aux nuances subtiles et souvent insaisissables. Nier que parfois notre beau et lumineux violet interne peu virer au noir c’est mettre un voile sur une partie de nous-même. Effrayant mais dommage.
Je terminerai sur cette citation de Louis de Bonald ; Pensées sur divers sujets (1817) (on pourra remplacer Dieu par qui ou ce que l’on veut)
« Dieu laisse l’homme libre de faire le mal, pour qu’il ait le mérite de faire le bien. »
Sources et lectures :