Ce mois-ci une campagne américaine m’a particulièrement intéressée : Ban Bossy. En tentative de traduction française : bannissons l’autoritarisme.
Une campagne en faveur des femmes, visant à sensibiliser l’opinion publique sur le poids des mots et des expressions. Un poids qui favoriserait les stéréotypes.
Aux Etats-Unis, lorsqu’une femme ou une petite fille fait preuve de leadership, d’autorité naturelle dans la vie comme au travail, elle est caractérisée comme étant bossy. Un terme anglo-saxon donc, plutôt péjoratif et qui enferme les femmes qui ont du pouvoir et/ou de la personnalité dans le cliché de la mégère ou de la femme à poigne, limite hystérique.
A l’origine du mouvement, Sheryl Sandberg (directrice des opérations de Facebook) et Anna Maria Chávez, (à la tête des Girls Scout of America). Leur but, casser les préjugés sur les femmes de pouvoir et encourager les jeunes filles à assumer leur leadership. Oui on peut être une femme et être un leader. Et ce n’est pas parce qu’on est naturellement autoritaire qu’on est une castratrice. Le leadership n’est pas l’apanage des hommes. Une campagne supportée par des personnalités américaines comme Beyoncé, Victoria Beckham, Michelle Obama, Condoleeza Rice, … rien que ça.
Le but : changer les mentalités.
Et en France alors ? Subissons-nous les mêmes stéréotypes ?
En matière de création d’entreprise, par exemple, où avoir de l’autorité et de l’ambition est primordial, sur 10 créateurs, 3 seulement sont des femmes. Cela donne à réfléchir.
Et je me souviens, petite fille, de toutes ces fois où à l’école j’ai été partagé entre la fierté d’avoir de bonnes notes et la terreur par la même occasion de devenir le souffre douleur de mes camarades garçons, pour avoir osé briller plus qu’eux. Le voilà donc ce fameux dilemme…
Est-ce que cela a influencé ma personnalité, mon parcours, ma carrière en minorant ma tendance naturelle à l’autorité ? Je crois pouvoir dire aujourd’hui que oui en un sens, mais cela serait trop réducteur, car cela a aussi forgé ma conscience féminine (et non pas féministe, j’insiste), cela m’a aussi poussée parfois à me battre contre cet ordre établi, cette dictature masculine et donc à prendre le pouvoir.
Malgré tout, j’ai le sentiment qu’être une femme forte et qui l’assume n’est pas toujours bien vu et que, se lancer dans l’entreprenariat notamment, est 1000 fois plus dur que pour un homme. C’est un pas à franchir qui nécessite beaucoup plus de volonté pour nous les femmes. Et le plus paradoxal, est que parfois, ce n’est pas uniquement stigmatisé par les hommes, mais aussi par les femmes elles-mêmes, souvent de fortes personnalités qui en ont « bavées » pour grimper dans leur domaine professionnel et qui ne voit pas pourquoi elles faciliteraient la tâche de leurs consœurs plus jeunes.
Alors, même si cette campagne n’aura certainement pas une grande portée, et que s’attaquer à un mot plutôt qu’à l’idée elle-même peut paraître dérisoire ; l’initiative aura au moins le mérite (je l’espère) de réveiller notre conscience féminine et que nous oserons sortir de la caverne pour entrer (enfin) dans la lumière. Parce que il n’y a pas de raisons et que la célèbre marque de cosmétiques nous le répète chaque jour à la télé « Nous le valons bien ».
Merci pour cet article